I've found something, it's a review of the November show from a newspaper of Montreal... But I guess that it's not long enough: 563 words
I'm pasting it anyways, just in case.
Le Devoir
CULTURE, lundi 28 novembre 2005, p. b8
U2 au Centre Bell
Au-delà de la démagogie
Cormier, Sylvain
C'est arrivé à peu près une heure après l'arrivée triomphale de U2, samedi soir au Centre Bell. Qu'est-ce qui est arrivé? Il est arrivé que le résultat a dépassé l'intention. Il est arrivé quelque chose de vrai et de pur dans le grand rituel rock.
Bono, comme il le fait sans doute à chaque spectacle de cette tournée politiquement engagée (avec défilement à l'écran de la Déclaration universelle des droits de l'homme et exhortations du chanteur à l'action militante auprès des gouvernants pour «éradiquer cette stupide chose qu'est la pauvreté»), s'est trouvé dans la foule un symbole. En l'occurrence, un enfant. Un garçonnet, entre 5 et 7 ans. Il l'a fait asseoir sur un petit ampli de retour de son, et il lui a chanté les derniers mots de l'hymne pacifiste Sunday Bloody Sunday: «No more!» Tel qu'espéré par Bono, fort habile dans ces interactions avec le public (auparavant, il se dénichait une jeune femme avec qui danser tendrement), l'enfant répétait: «No more!». Seulement voilà, plus il répétait, plus il répétait fort. Tellement que Bono en était étonné. La foule aussi. À un point tel que ça transcendait la démagogie du moment. Ce n'était plus le symbole un peu télégraphié de la génération-de-demain-pour-laquelle-nous-devons-nous-battre, mais un p'tit gars qui en avait dedans. Pour vrai.
La vérité avait été plus loin que la manipulation de la vérité. Bono irradiait, la foule exultait. Émotion sans cynisme. Comme la dernière fois au même Centre Bell, alors que Bono avait embrassé le ventre d'une femme enceinte. Un moment où Bono, parce qu'il sait se rendre disponible à l'imprévu, parce qu'il donne à l'imprévu l'occasion de survenir, parvient à justifier tout le reste. Le reste? Le show lui-même, toujours intense, toujours satisfaisant, mais prévisible jusque dans son intensité et sa garantie de satisfaction.
De fait, jusqu'à ce moment-là, c'était formidablement bon, mais parfaitement dans l'ordre des choses. Le système d'éclairage, ces rideaux de câbles sertis d'ampoules toutes programmables, avait dûment ébloui. U2 avait servi tel que promis un show réduit à sa plus simple expression rock, les récentes City Of Blinding Lights, Vertigo et Elevation faisant presque autant d'effet que les chevaux de bataille I Will Follow, I Still Haven't Found What I'm Looking For et Beautiful Day. Et Bono avait arpenté comme à l'accoutumée la grande passerelle qui avançait jusqu'au milieu de la patinoire, dans sa posture habituelle, tête levée vers le plafond (comprenez: le ciel) et main droite lui sortant du ventre (comprenez: il y croit). Tout ça valait les 165 $ raqués, tout ça était aussi réussi que peut l'être un show rock, mais tout ça ressemblait quand même à s'y méprendre (et à quelques titres près) au show diffusé à MusiquePlus la semaine précédente. Et à tous les autres shows de la tournée. Sauf quand la brèche s'est ouverte et que la vérité en a jailli.
Et sauf quand les 20 331 spectateurs se sont montrés si délirants du bonheur de retrouver leur U2 chéri que le groupe n'en est pas revenu. Après Bullet The Blue Sky, l'inattendue Miss Sarajevo (avec Bono en Pavarotti), Pride (In The Name Of Love) et Where The Streets Have No Name, l'ovation fut telle que les Irlandais s'envoyèrent de vrais sourires d'hommes heureux (même le guitariste The Edge, d'ordinaire si impassible), et Bono, après s'être exclamé que nous étions une bande de «crazy guys», ne put s'empêcher de déclarer - en français - que U2 viendrait «vivre à Montréal!». En guise de merci, les rappels - Until The End Of The World, Mysterious Ways, With Or Without You, Stuck In A Moment You Can't Get Out Of, Yahweh, le medley surprise Bad-The Maker, 40 - ont duré tout près d'une heure supplémentaire. Chose certaine, U2 vivra à Montréal jusqu'à ce soir, où d'autres milliers de fans leur feront encore la fête.
En première partie, le groupe québécois The Arcade Fire, malgré leur renommée désormais planétaire, n'en revenait pas non plus d'être là. L'expérience semblait «pretty surreal» au chanteur Win Butler, constatant l'écart vertigineux entre leur Montréal d'avant et après le succès. Pour l'occasion, le groupe nous en a mis plein les yeux, plein les oreilles, incroyablement mobiles et dynamiques même s'ils étaient très tassés à sept sur la portion de scène allouée. Dément chassé-croisé d'un instrument à l'autre, guitaristes bondissants, percussionniste fou, ça y allait franco, et les trois quarts d'heure de musique à la fois très brutale et fort somptueuse de l'album Funeral ont passé vite. L'ovation était conséquemment longue. Décidément, une soirée transcendante.
Collaborateur du Devoir
Catégorie : Arts et culture
Sujet(s) uniforme(s) : Musique
Type(s) d'article : Article
Taille : Moyen, 563 mots